Nous disons à M. Legault : Non au recul, avançons! | Manifestation dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées | 5 juin, de 14h à 16h, au coin des rues Sherbrooke et McGill College

À l’occasion de la semaine québécoise des personnes handicapées, le Collectif d’Organismes en Défense des Droits des Personnes en Situation de Handicap (CODDPSH), créé en 2020, adresse ce communiqué pour exprimer la profonde préoccupation de ses organisations membres. Nous constatons de nombreux reculs des droits des personnes en situation de handicap (PSH). Nous disons non au recul dans toutes les sphères de soins et services pour les PSH. Avançons vers l’équité et l’inclusion sociale des PSH. Nous vous invitons donc à prendre part à notre manifestation le 5 juin de 14h à 16h au coin des rues Sherbrooke et McGill College, pour les raisons suivantes :

Violations continues avec un faible accès aux services et ressources d’aide

Malgré des années de dénonciation de la violence systémique envers les femmes en situation de handicap, en 2024, elles continuent de faire face au manque d’accessibilité des ressources d’aide aux femmes violentées. Ces ressources, essentielles pour leur sécurité et leur bien-être, restent largement inaccessibles, ce qui expose ces femmes à un risque accru de violence et de marginalisation. De plus, il n’existe aucun refuge spécialement conçu pour les femmes en situation de handicap et d’itinérance. Cette absence de refuges adaptés les laisse sans solution de repli en cas d’un urgent besoin de protection et de logement. Enfin, nous signalons le faible recours contre la négligence et l’insécurité dans les déplacements.

Problèmes du réseau de la santé et des services sociaux

Les PSH et spécialement les personnes lésées médullaires subissent depuis trop longtemps et de manière forte et plus accentuée les contrecoups des problèmes du réseau de la santé et des services sociaux. Ces problèmes se manifestent par des bris de services fréquents, des annulations de tests médicaux importants et une accessibilité insuffisante aux soins spécialisés. Ces enjeux peuvent entraîner des complications médicales significatives, compromettant gravement leur santé. Il est donc temps que l’État se responsabilise face à cette partie de la population en adoptant des mesures concrètes et efficaces pour remédier à ces problèmes systémiques. Ceci inclut l’augmentation des ressources allouées aux services de santé pour les PSH, la mise en place de protocoles rigoureux pour assurer la continuité des soins et la formation adéquate des professionnels de la santé sur les besoins spécifiques des PSH. Seule une action déterminée et soutenue peut promouvoir la qualité de vie des PSH et leur permettre de recevoir les soins qu’elles méritent.

Les PSH vivant avec une déficience intellectuelle ou l’autisme et leurs familles, sont abandonnées par un réseau public en DI-TSA sous financé, désorganisé, avec des ressources humaines insuffisantes pour répondre aux besoins réels. Présentement, les services socioprofessionnels sont rarissimes et les services sont émiettés pour répondre au plus grand nombre de personnes possible. La réadaptation et la stimulation précoce ne sont plus des services offerts par les éducateurs.trices du réseau public; ce sont les parents qui doivent les donner tout en se démêlant dans les ficelles des CIUSSS pour dénicher l’aide du réseau… Les milieux d’hébergement ne sont ni stimulants, ni adaptés. Cela a des impacts négatifs énormes sur la qualité de vie, les perspectives d’avenir, l’intégration à l’école et en société de ces personnes. Les parents, les familles et les proches sont à bout de souffle, car ils doivent pallier les manques et répondre aux besoins par leurs propres moyens avec des conséquences indésirables et préjudiciables comme l’épuisement, l’exclusion, la détresse, l’appauvrissement, etc.

Les équipes dévouées du communautaire peinent à garder la tête hors de l’eau pour soutenir leurs membres et leurs familles. Les besoins sont à tous les niveaux et aujourd’hui nous lançons un grand cri du cœur pour revendiquer le droit à la DIGNITÉ et aux services.

Services gouvernementaux-PSH issues de l’immigration

Les PSH issues de l’immigration sont à l’intersection d’oppressions multiples, dues à leur parcours migratoire, leurs limitations et déficiences, leur âge, ou leur parcours éducatif hors du Québec. Les demandeurs d’asiles et les réfugiés sont particulièrement touchés par l’insuffisance des services sociaux et la lenteur administrative. Elles font face à des enjeux multiples, comme la discrimination, la non-reconnaissance de leurs compétences et savoirs expérienciels acquis dans leur pays d’origine. Elles sont le plus souvent issues de familles vulnérables et vivent une précarité économique. Elles font face aux barrières linguistiques, à la méconnaissance des lois et des procédures administratives, au risque d’isolement social, et de crise identitaire. Nous demandons au gouvernement de prêter une attention particulière aux PSH issues de l’immigration.

Manque d’engagement de l’état dans le transport collectif

Le désengagement de l’État, particulièrement sous la gouvernance de la CAQ, en matière de financement du transport collectif, aggrave considérablement la situation pour les PSH partout au Québec. Ceci se manifeste par la réduction des subventions nécessaires au maintien et à l’amélioration des infrastructures de transport en commun, essentielles pour la mobilité et l’inclusion sociale des PSH. À Montréal, par exemple, la suspension du financement pour l’installation de nouveaux ascenseurs dans les stations de métro illustre clairement ce manque de soutien. Cette décision maintient les citoyens et les PSH dans des conditions d’accessibilité nettement inférieures aux normes universelles. Les stations de métro sans ascenseurs empêchent de nombreuses PSH de se déplacer librement, limitant ainsi leur accès à l’emploi, à l’éducation, aux soins de santé et à d’autres services essentiels. Ceci démontre un manque flagrant de vision et d’ambition en matière d’accessibilité universelle et de respect de notre Charte Québécoise des Droits et Libertés de la Personne. Il s’agit d’un recul incontestable pour les PSH qui dépendent du transport en commun pour participer à la société. Il est donc crucial que l’État réévalue ses priorités et réinvestisse dans le transport collectif, en particulier pour l’amélioration de l’accessibilité.

Difficultés des organismes communautaires

Les organismes communautaires assurent un filet social dans notre société. Or, il devient de plus en plus difficile pour eux d’assumer ce rôle lorsqu’ils perdent leurs locaux. À Montréal, de nombreux organismes rencontrent des difficultés à trouver des espaces accessibles et adaptés aux besoins spécifiques des PSH, et qui soient abordables financièrement. Cette situation précaire met en péril la continuité des missions essentielles de ces organismes, ce qui réduit l’aide disponible pour les PSH, exacerbant ainsi leur isolement et leur vulnérabilité. Il est essentiel et urgent de développer des politiques et des mesures de financement visant à assurer la disponibilité et l’accessibilité des locaux pour tous les organismes, en particulier ceux qui viennent en aide aux PSH. Ces mesures doivent permettre :

  • L’accès à des locaux communautaires adéquats et universellement accessibles;
  • Le maintien et développement d’espaces de participation citoyenne soutenus existant grâce aux organismes communautaires.

Nous ne pouvons plus ignorer les défis auxquels sont confrontés les PSH et les organismes communautaires. Non au recul, avançons! Vers l’équité et l’inclusion des PSH. Avançons pour préserver et renforcer les organismes qui soutiennent l’engagement civique et l’émancipation des communautés.

Nous comptons sur votre présence et votre soutien le 5 juin 2024.

Cordialement,

Le Collectif d’organismes en défense des droits des personnes en situation de handicap (CODDPSH)

  • Action Des Femmes et Handicap (AFF)
  • Association Multi-Ethnique Pour L’Intégration des Personnes Handicapées Du Québec (AMEIPH)
  • Autisme Montréal
  • Centre communautaire Radisson (CCR)
  • Comité régional pour l’autisme et la déficience intellectuelle (CRADI)
  • Ex aequo
  • Institut National pour l’Équité, l’Égalité et l’Inclusion des personnes en situation de handicap (INÉÉI-PSH)
  • Moelle Épinière et Motricité Québec
  • Parent pour la déficience intellectuelle (PARDI)
  • Regroupement des usagers du transport adapté et accessible de l’île de Montréal (RUTA-Mtl)
  • Réseau International sur le Processus de Production du Handicap (RIPPH)
  • Sans oublier le sourire (SOS)

INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES :

Adèle Liliane Ngo Mben Nkoth, organisatrice communautaire en défense des droits

alngombennkoth@moelleepiniere.com