Un dernier texte (et non le moindre!) sur le 3 décembre

Nous vous partageons un dernier texte publié à l’occasion du 3 décembre qui raconte l’histoire de Catherine Blanchette-Dallaire, qui l’a amenée à fonder le site onrouleauquebec.ca et la page Facebook OnRouleMontréal.

En voici un court extrait, vous pouvez lire le texte complet sur Urbania.

Ma vie sur quatre roues

24 mars 2012. Je « strappe » mon kayak d’eau-vive sur ma voiture pour ma première journée de la saison.

La rivière est en crue, les rapides plus techniques. À l’approche d’une chute, je calcule mal ma ligne et passe un pied trop à gauche. C’est suffisant pour être déportée par le courant et atterrir, huit pieds plus bas, sur une roche. Le choc est instantané et un sentiment de panique m’emporte : quelque chose ne va pas. J’alerte l’équipe et on m’évacue à même le kayak. Arrivée à l’hôpital, le diagnostique tombe : fracture aux deux chevilles.

Il est difficile de réaliser à ce moment-là qu’on passera les quatre prochains mois en fauteuil roulant, telle une paraplégique. Qu’on vivra à l’hôpital, avec une atrophie musculaire complète du nombril aux orteils et des plâtres aux deux pieds. Que nos bras deviendront notre seule façon de nous mouvoir et qu’un fauteuil roulant deviendra notre seul et unique symbole de liberté, une extension de notre corps, une partie de nous-mêmes. Que nos colocataires auront tous plus de 75 ans, mais surtout, que notre vision de la liberté sera à jamais changée : pour une accro du sport repoussant les limites, une simple marche devient infranchissable.

Un nouvel apprentissage s’ensuit : ouvrir une porte n’est plus aussi facile et les fermer non plus (parfois je ne peux me retourner faute de place!). Les boutons d’ouverture automatique sont souvent défectueux, m’obligeant à demander de l’aide pour les portes plus lourdes. Les rampes d’accès sont souvent trop à pic, rendant la descente risquée, et comme mon fauteuil n’est pas calibré à ma personne, il dérape facilement et je me retrouve de côté. Les trottoirs sont légèrement inclinés vers la rue (écoulement des eaux), ce qui est exigeant pour le bras côté rue, alors je change de bord tous les 250 mètres. Parfois je dois descendre des trottoirs à reculons pour éviter d’embrasser l’asphalte…
(…)
Suite à cette expérience, j’entrepris de régler une problématique majeure pour les personnes handicapées : si j’ai failli me pisser dessus en seulement quatre mois, je n’ose imaginer la vie de ceux qui vivent avec un handicap à l’année longue. J’ai ainsi conjugué ma compétence professionnelle à l’expérience vécue pour développer www.onrouleauquebec.ca, un portail ressource interactif et participatif dédié aux personnes à mobilité réduite. Il comprend un répertoire des commerces accessibles en fauteuil roulant, des ressources dédiées et des logements accessibles à louer. Mon but ultime : créer une application mobile qui pourra indiquer où se trouve la toilette accessible la plus près… encore ouverte à 1h00 du matin!