André Viger

André Viger, un modèle de persévérance – Paraquad 117

André Viger est né le 27 septembre 1952 à Windsor, en Ontario. Il a grandi au Québec, passant toute son enfance dans la région de Sherbrooke. C’est à l’âge de 20 ans que sa vie bascule. Victime d’un accident de la route, il devient paraplégique. Il était passager d’une voiture conduite par un ami qui s’est endormi au volant. Nous sommes alors en 1973.

Un homme passionné par le sport

Cet accident n’allait pas arrêter cet homme, qui est un modèle de détermination et de persévérance. Deux ans plus tard, André décide de trouver sa place dans la société. Il se tourne alors vers le sport, et plus particulièrement vers l’athlétisme en fauteuil roulant. Alors qu’à l’époque voir un athlète en fauteuil roulant prendre part à une compétition sportive relevait de la rareté absolue, il entame un programme d’entraînement intensif, pour se consacrer à sa nouvelle passion.

C’est 1979 qu’il commence à rouler sérieusement et qu’il remporte son premier marathon. Quand Viger s’est présenté sur la ligne de départ du marathon de la Beauce, on lui a d’abord refusé l’accès, prétextant un quelconque danger. Il y avait beaucoup à faire pour faire évoluer les mentalités et faire connaître sa passion! Le chemin à parcourir paraissait encore bien long.

Des victoires à la pelle

Véritable pionnier, Viger a gagné à peu près tout ce qui était humainement possible sur la scène de l’athlétisme en fauteuil roulant. Il a remporté le bronze lors du 1500 mètres des Jeux olympiques de Los Angeles de 1984, une première épreuve de démonstration paralympique. Il a participé à cinq Jeux paralympiques, raflant trois médailles d’or, quatre d’argent et trois de bronze.

Il a aussi remporté trois marathons de Boston. Les Québécois l’ont davantage connu grâce à ses cinq victoires au marathon international de Montréal, de 1985 à 1993. Ses luttes à trois avec les Français Mustapha Badid et Jean-François Poitevin ont souvent volé le spectacle aux coureurs à pied.

Maints marathons remportés et trente-trois ans plus tard, l’athlétisme et plus généralement le sport en fauteuil roulant occupent désormais une véritable place dans le paysage sportif international, faisant même partie intégrante du Mouvement olympique.

Innover pour performer

Exigeant envers les performances physiques et psychologiques de son corps, André Viger a également consacré beaucoup de temps à l’optimisation de sa machine. Elle constituait pour lui l’outil indispensable à sa réussite. Il a ainsi popularisé le fauteuil à trois roues, travaillant lui-même sur son propre prototype en 1989. «Des fois, on commençait l’entraînement une heure plus tard parce qu’il n’arrêtait pas de jouer après son fauteuil. Il était un ingénieur sans diplôme», a mentionné Marc Quessy, grand ami et coéquipier d’entraînement dans un article publié dans La Presse en 2006 (Drouin, Simon. « André Viger, un pionnier tranquille ». La Presse. Édition du mardi 3 octobre 2006).

Un exemple pour d’autres paralympiens québécois

Même s’il refusait de porter le chapeau, André Viger a servi de modèle et d’inspiration à plusieurs athlètes en fauteuil roulant, dont Rick Hansen, Jeff Adams, Dean Bergeron, Diane Roy et Chantal Petitclerc. «Je ne fais pas ça pour les gens, je faisais ça pour moi», disait-il à son ami Quessy.

N’empêche, Viger a été une «grande inspiration» pour Petitclerc, la plus grande paralympienne canadienne. Elle raconte à la Presse, en 2006 : «J’ai eu mon accident en 1983 et André avait tout gagné l’année suivante. À cette époque, il n’y avait pas beaucoup de modèles sportifs pour les gens en fauteuil roulant», a souligné Petitclerc.

La mort d’André Viger a évoqué un souvenir de course bien précis à Chantal Petitclerc. C’était le marathon canadien de Winnipeg, en 1988 ou 1989, elle ne se souvient plus trop. En plein milieu de la course, elle avait croisé Viger sur le bas-côté de la route, victime d’une crevaison.

«Je l’avais entendu revenir de l’arrière, a relaté Petitclerc. Il émettait un bruit agressif quand il travaillait fort. Il se faisait mal et tout le monde l’entendait. André essayait de remonter le peloton, même s’il savait qu’il n’avait aucune chance. C’était la force brute et primitive du gars qui ne se laisserait pas faire. C’était comme si sa vie en dépendait. J’ai essayé de m’accrocher, mais ça n’a pas marché pantoute!»

En plus de s’affirmer comme l’un des meilleurs athlètes en fauteuil roulant du monde, André Viger et ses exploits ont éveillé les Canadiens à une réalité : celles des personnes vivant avec un handicap physique ou mental. Il a reçu de nombreux honneurs et récompenses tout au long de sa carrière, notamment ceux d’Officier de l’Ordre du Canada et de Chevalier de l’Ordre national du Québec. Il est décédé en 2006, des suites d’un cancer, à l’âge de 54 ans.

Titres et médailles

  • Champion canadien sur piste au 5 000 et 10 000 mètres, 1996;
  • Sixième et meilleur canadien au 1 500 mètres, Jeux paralympiques d’Atlanta, 1996;
  • Médaillé d’or au 5 000 et 10 000 mètres, sélections canadiennes pour les Championnats du monde, Sherbrooke, 1995;
  • Cinquième, 5 000 mètres au championnat du Monde, Berlin, 1995;
  • Médaillé d’argent au 400 et 1 500 mètres, Championnat canadien, 1995;
  • Record de parcours, Midnite Sun Wheelchair marathon, 367 milles (590 kms) en 9 jours, Alaska, 1993;
  • Record canadien et troisième performance mondiale, marathon de Boston, É.-U., 1993;
  • Médaillé d’or canadien du marathon de Victoria, 1993;
  • Médaillé d’or du Marathon de l’île de Montréal, 1992 et 1993;
  • Médaillé d’or (10 000 m) et d’argent (4X100 et 4X400), Jeux paralympiques de Barcelone, Espagne, 1992;
  • Médaillé d’or canadien du Marathon de Toronto, 1992;
  • Médaillé d’or et records du monde au Championnat du monde, 5 000 mètres et relais, Assen, Pays-bas, 1990;
  • Médaillé d’or du Marathon international de Montréal 1985, 1986, 1990,
  • Médaillé d’or au Championnat canadien, 10 000 mètres, Québec, 1990;
  • Médaillé d’or au Championnat canadien d’athlétisme, Montréal, 1990;
  • Médaillé d’or du marathon, Jeux paralympiques de Séoul, Corée du Sud, 1988;
  • Médaillé d’or au Marathon de Boston, É.-U., 1984, 1986, 1987;
  • Médaillé d’or au Marathon d’Oita, Japon, 1984, 1985, 1986, 1987;
  • Médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Los Angeles, É.-U., 1984.

Honneurs

  • Intronisé au Panthéon des sports du Québec, 2001;
  • Prix honorifique Stan Stronge de l’Association canadienne des sports en fauteuil roulant, janvier 1995;
  • Temple de la Renommée Terry Fox, 1993 (premier athlète intronisé);
  • Lauréat de la Roue de bronze de l’Association québécoise des sports en fauteuil roulant et de l’Association des paraplégiques du Québec, 1992;
  • Officier de l’Ordre du Canada, 1989;
  • Chevalier de l’Ordre national du Québec, 1987;
  • Personnalité de l’année au Gala Excellence la Presse, 1986;
  • Prix Maurice Richard de la Société St-Jean-Baptiste de Montréal, 1986;
  • Athlète masculin par excellence du Club de la médaille d’or, 1986 et 1985;
  • Personnalité sportive de l’année au Mérite sportif québécois, 1986;
  • « L’un des cinq jeunes Canadiens les plus extraordinaires », prix Vanier, Toronto, 1985;
  • Athlète par excellence du Mérite Sportif québécois de la Société des Sports du Québec, 1985;
  • Cité en exemple par le Président des États-Unis, M. Ronald Reagan, lors de sa visite à Québec en 1985;
  • Meilleur athlète de langue française au Canada, Trophée Gil. O. Julien, 1985;
  • « L’une des sept jeunes personnes les plus remarquables du monde », Cartagène, Colombie, 1985

Rick Hansen (à gauche) et André Viger aux Jeux Olympiques de 1984

Pour en savoir plus
L’association québécoise des sports en fauteuil roulant (anciennement AQSFR, maintenant Parasports Québec), a publié une édition spéciale de leur bulletin En bref pour honorer la mémoire de M. Viger. Nous nous en sommes inspirés fortement pour cet article. Vous pouvez en retrouver la version complète ici :

http://www.aqsfr.qc.ca/fichiers/file/en_bref/SpecialAndreViger.pdf